Alors que la Suisse manque de médecins, «22% des médecins assistants ont déclaré qu’ils envisageaient de quitter le métier […] après leurs premières expériences en cabinet». Une des raisons semble être le harcèlement dans les hôpitaux suisses que dénoncent les étudiant·es.
Cette problématique n’est pas nouvelle: en 2018 le Collectif de lutte contre les attitudes sexistes en milieu hospitalier (Clash) fût créé à Lausanne, ce qui avait permis des améliorations, comme la création d’une hotline pour signaler des incidents, la rédaction des rapports d’expériences pour l’Hôpital universitaire de Lausanne et finalement, «les étudiants en médecine des universités de Lausanne et de Fribourg suivent en troisième année un cours obligatoire sur le harcèlement dans le milieu médical.»
L’exemple de la Suisse romande, et en particulier de Lausanne, est un «modèle» pour les Clash de la suisse alémanique, où les choses se passent moins bien et où les étudiant·es n’apprennent pas pendant leurs cours obligatoires «ce que cela signifie d’entrer dans un système aussi hiérarchisé». Bien que les universités dans la Suisse alémanique soient mobilisées face à la problématique du harcèlement dans les hôpitaux, le Clash estime cela insuffisant et veut faire bouger les choses.
«Les étudiants en médecine victimes de harcèlement ont un risque plus élevé de burn-out, souffrent davantage de troubles de l’anxiété et du sommeil et ont plus souvent recours à des substances addictives, ce qui les rend plus vulnérables aux erreurs médicales», conclut une étude de l’Université de Lausanne de 2023. L’Institut suisse pour la formation médicale postgraduée, responsable du contenu de la formation continue des médecins, mène une révision complète du catalogue d’objectifs de formation et met comme thème prioritaire la santé des médecins, mais «[l]a prise de conscience des liens structurels de l’abus de pouvoir n’est pas mentionnée.»