En juin dernier Cedric Lodge, aujourd’hui ex-chef de la morgue de l’université d’Harvard, avait été inculpé pour «association de malfaiteurs» et «transport interétatique de marchandises volées». Lui et sa femme avaient en effet commencé un trafic de corps humains, qui étaient à l’origine des dons anatomiques pour l’éducation des étudiant∙es en médecine à Harvard.
«Il est particulièrement grave que tant de personnes qui ont accepté que leur dépouille soit utilisée pour former des professionnels de la médecine et faire avancer la science et la guérison soient des victimes» s’est prononcé le procureur Gerard Karam, qui veut obtenir justice pour les victimes et leurs familles. Contactées, nombreuses parmi ces dernières ont porté plainte. Néanmoins, la loi américaine comporte des zones grises : «[…] dans la plupart des Etats, si des lois condamnent explicitement le pillage de tombes, la vente de restes humains qui n’ont pas encore été enterrés n’est pas illégale, rappelle Tanya D. Marsh, professeure de droit à l’Université Wake Forest (Caroline du Nord) et auteure de plusieurs ouvrages sur la question. Nous sommes en plein marché gris.
Ce scandale dans une morgue n’est pas sans rappeler l’affaire qui a secoué l’Université Paris-Descartes en 2019, où un trafic d’ossements et d’organes s’opérait en douce. Les auteures de l’article évoquent également les musées, notamment en Belgique où pèse un lourd passé colonial, qui s’efforcent d’endiguer le trafic de restes humains.