Au Royaume-Uni, une réforme a été entamée dans le système d’évaluation utilisé pour déterminer le financement de la recherche universitaire (Research Excellence Framework – REF), «[prévoyant] de passer de la performance individuelle à la performance institutionnelle». Cette réforme «[s’appuie] sur les conclusions du Future Research Assessment Programme (FRAP), un programme de recherche et d’évaluation des organismes de financement britanniques», et particulièrement sur «un rapport rédigé par un groupe de conseillers internationaux». Dans ce rapport on reconnait que le REF «peut fausser la culture de la recherche par des incitations perverses telles qu’une dépendance excessive à l’égard des mesures de publication pour évaluer la valeur d’un chercheur». Adoptées par le FRAP, les recommandations des conseillères et conseillers internationaux sont «[…] d’augmenter la contribution au score REF global des mesures qui reconnaissent la qualité du soutien apporté par une institution à la recherche, et de diminuer la pondération des résultats de la recherche conventionnelle».
Les trois auteur·es de cet article (Richard Watermeyer, Gemma Derrick et Kate Sang) sont chercheur·es en éducation et s’expriment sur la réforme du REF. Ces dernier·ères pensent que ces recommandations «pourraient entraîner une nouvelle dégradation de la culture de la recherche dans les établissements d’enseignement supérieur britanniques, [et que] les décideurs politiques font preuve de naïveté à la fois vis-à-vis des réalités de la culture de la recherche au Royaume-Uni et du risque de causer plus de problèmes qu’ils n’en résolvent». Selon ces trois chercheur·es, bien que «les conseillers [appellent] à «déplacer le fardeau de l’individu vers l’institution» […], [d]ans la pratique, […] il est impossible d’éviter la contribution d’un individu à la recherche au cours des préparatifs d’une université pour le REF».
De plus, bien que la volonté soit de le rendre «plus inclusif», le fait que dans REF 2028, «il n’y aura pas de nombre maximum ou minimum de résultats de recherche liés à un chercheur individuel, à condition qu’une moyenne soit atteinte dans un domaine» amènera les universités «à être hyper-sélectives, se concentrant sur les membres du personnel qui produisent la recherche la plus «REF-able»». Finalement, «la recommandation des conseillers selon laquelle il ne faut pas accorder une «importance excessive» au REF dans l’évaluation du personnel ou l’étalonnage des performances par rapport à d’autres institutions» ne tient pas compte du fait que le REF soit utilisé comme critère dans le classement de l’enseignement supérieur. Les auteur·es pensent donc que «les règles du REF sont élaborées par des personnes qui sont de plus en plus éloignées des conditions de travail vécues par le chercheur moyen».