«Orpheline» depuis un an et demi, la chaire d’études juives mise au concours à l’université de Lucerne (UNILU) fait débat car «seuls les catholiques sont admis». Est-on devant un cas de «antijudaïsme scientifique»? Margit Wasmeier-Sailer, Doyenne de la faculté de théologie de l’UNILU, explique que «comme la chaire est classée comme théologique, seul un enseignant catholique romain reconnu par l’Eglise peut la remplir […]. Une autorisation d’enseigner délivrée par l’Église est donc nécessaire […]». En effet, Madame Wasmeier-Sailer explique que «[l]’université exige, en plus de l’habilitation, le doctorat «canonique», reconnu par l’Eglise». Par défaut,«tous les érudits non catholiques romains [sont exclus], y compris les réformés et les laïcs».
«La Commission fédérale contre le racisme (CFR) critique l’offre d’emploi et s’étonne «de cette exigence particulièrement stricte de la confession catholique romaine pour le poste mis au concours». La présidente de la CFR, Martine Brunschwig Graf, recommande donc à l’université de Lucerne d’examiner s’il est nécessaire de mentionner une restriction confessionnelle dans une phase de recrutement».
Les facultés de théologie de Berne et de Bâle ont des professeur.es juives et juifs et Madame Wasmeier-Sailer «souligne qu’à Lucerne aussi, il serait souhaitable d’élargir la discipline des études juives en dehors de la théologie». (srf.ch)
Nicole Vögeli Galli (54 ans), Avocate spécialisée dans le droit du travail et enseignante à la Haute école zurichoise de sciences appliquées (ZHAW), affirme qu’ «il existe une base légale pour cette restriction : un accord entre le Conseil d’Etat et l’évêché de Bâle, basé sur la loi universitaire du canton. Mais on peut effectivement se demander s’il est admissible qu’un canton conclue un tel accord».
Jonathan Kreutner, Secrétaire général de la Fédération suisse des communautés israélites, ne veut pas encore s’exprimer sur la question mais fait savoir qu’ils «[vont] prendre contact avec la faculté pour obtenir des éclaircissements». (blick.ch)