Le journaliste Peer Teuwsen craint qu’une baisse du nombre d’étudiant-es «dans les domaines qui encouragent l’esprit critique et le jugement nuancée», notamment en l’histoire et les lettres modernes, aurait des conséquences «dramatiques pour la Suisse», dans cette «époque de la pensée en noir et blanc […] Si l’on pense moins à l’ensemble et pas plus à soi-même, on ouvre la porte à une pensée volontairement simpliste, également appelée populisme […] [et] alimente les intérêts personnels et nuit à l’intérêt général. ».
Sebastian Bonhoeffer, directeur du Collegium Helveticum interdisciplinaire et professeur de biologie théorique à l’EPF de Zurich, déclare: «Il y a dans la formation universitaire un risque de spécialisation et de scolarisation excessives. Les étudiants ne sont pas des rouages que l’on façonne pour qu’ils s’intègrent parfaitement dans un engrenage. Il ne faut pas surestimer l’évaluation de l’utilité sociale de la formation universitaire à l’aide de valeurs chiffrées. Ce qui est facilement mesurable n’est pas forcément essentiel, mais ce qui est essentiel est souvent difficile à mesurer. C’est peut-être plus vrai pour les sciences humaines que pour les sciences dites exactes». Ainsi, les universités deviennent donc de plus en plus des lieux de formation.
Peer Teuwsen avance que la volonté politique était de renforcer les sujets appelé MINT (Mathématiques, informatique, sciences naturelles et techniqique), et cela a été fait avec grand succès. Mais «Ces louanges publiques constantes ont conduit à une confiance en soi exagérée des sciences naturelles par rapport aux sciences humaines.» Par ailleurs, les plans d’études pour l’école négligeraient l’apprentissage de l’allemand [en Suisse allémanique] au profit des apprentissages numériques, au point que «La moitié des jeunes de 15 ans en Suisse ne sont pas en mesure de comprendre un texte de manière appropriée, comme l’a montré la dernière étude Pisa». Et le journaliste déplore que les intellectuels suisses évitent le débat public, car «il ne favorise généralement pas la carrière intra-universitaire».
Peer Teuwsen salue l’engagement en faveur des sciences humaines de l’ancien chancelier fédéral Walter Turnherr, qui avait convoqué un groupe de travail sur l’histoire, invitant régulièrement des historien-nes renommé-es pour faire des «états des lieux historiques» et échanger avec différents parlementaires et conseillers et conseillères fédéraux sur un sujet d’actualité dans un contexte historique.