L’auteur de l’article écrit que «les Autrichiens ont un problème avec leurs voisins [allemands] parce qu’ils se sont installés dans le monde de la culture et dans les universités de manière astucieuse. Ils sont partout et de plus en plus nombreux.» En effet, le nombre de professeur-es allemand-es a augmenté massivement depuis le début du siècle, et le programme dans les théâtres et musées est de plus en plus réalisé par des Allemands.
«Mais que montrent les hommes de théâtre allemands à leurs spectateurs de Graz, Linz, Innsbruck, Salzbourg, Klagenfurt et Bregenz ? Chaque périphérie aspire-t-elle au centre d’une internationalité qui, au final, n’est pas si internationale que cela, mais seulement allemande ? Ce sont des questions difficiles que l’Autriche n’est pas la seule à se poser. La Suisse aussi mène des débats sur une puissance culturelle hégémonique qui peut ou veut prétendre avoir vu plus du monde, parce que ce monde s’étend justement de Hambourg à Oberammergau […].»
En 2017, le Ministère autrichien des Sciences a mandaté une étude qui évalue les conséquences de la loi sur l’Université (2002), qui favorise l’internationalisation de l’enseignement et de la recherche. «L’internationalisation signifie en effet dans de nombreux cas la «germanisation»», constate le rapport. Cela concerne en particulier le domaine des sciences humaines et sociales («Geisteswissenschaften»). A l’Université de Graz, deux professeur-es sur trois qui travaillent dans ce domaine sont allemand-es. Ceci pose un problème, car «Les petites littératures, les zones littéraires marginales, échappent à un canon entretenu par les Allemands. Dans l’enseignement et la recherche, de nombreux auteurs qui n’entrent pas dans le schéma des sempiternels Handke et Bernhard n’apparaissent plus du tout. Une internationalisation qui ne fait que transporter des connaissances étrangères dans le pays sans les contaminer avec des connaissances locales n’en est pas une. Également tristement célèbres sont les réseaux de professeurs allemands qui amènent leurs assistants allemands dans les universités autrichiennes. En conséquence, l’internationalisation se supprime à nouveau.»