«[L]’Association suisse pour la prévention du tabagisme (AT Suisse) fustige la collaboration entre Philip Morris et l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich […]. Alors que des universités dans le monde, et en Suisse aussi, tournent le dos à l’industrie du tabac, l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) a fait le choix inverse […]. [E]n parcourant un site internet de Philip Morris, [AT Suisse] a découvert deux projets de recherche réalisés main dans la main avec l’EPFZ […], entre 2017 et 2021 […] [et] financé[s] à hauteur d’un million de francs […]. Ces recherches proposent de nouvelles méthodes d’analyse dans les domaines de la toxicologie et de la chimie, et ne portent pas directement sur la nocivité de tel ou tel produit du tabac.»
Pour Luciano Ruggia, Directeur d’AT Suisse, «[u]ne telle collaboration est inacceptable […]. Les industries de la cigarette essaient de manipuler la vérité depuis très longtemps […]. Elles le font par différentes stratégies; une des plus importantes, c’est de produire de l’évidence scientifique qu’ils utilisent à leur fin, ils font tout pour produire une évidence qui est biaisée.» Philip Moris rejette les accusations et indique que «[sa] participation […] aux études réalisées avec l’EPFZ est transparente […].»
Le service de presse du polytechnique de Zurich explique que «les chercheurs de l’EPFZ sont libres de décider des questions qu’ils souhaitent aborder et s’ils veulent collaborer avec des tiers. L’EPFZ n’exclut pas de manière générale certaines branches comme partenaires potentiels». Pour les contrats à plus de 50’000 francs «le vice-président de la recherche doit donner son autorisation», ce qui a été le cas «car les questions posées sont scientifiquement pertinentes et intéressantes pour la société. De plus, tous les résultats ont été rendus publics […]». L’EPFZ estime ensuite que «l’indépendance et l’intégrité scientifique ont toujours été garanties. Mais l’institution en est consciente: des bailleurs de fonds peuvent avoir des intérêts propres et les résultats d’une recherche peuvent être interprétés de manière sélective. «En déduire qu’aucune collaboration de ce type n’est possible serait un frein pour la recherche et l’innovation en Suisse».»
L’AT Suisse a alerté le Fonds national suisse de la recherche (FNS) puisque «[l]es deux principaux articles scientifiques qui présentent ces recherches mentionnent aussi un financement [de la part du FNS] […]. [L]e FNS a constaté qu’il n’avait pas été informé par les professeures de l’EPFZ sur leurs partenariats avec Philip Morris, alors qu’elles bénéficiaient d’importantes subventions du FNS. Courant 2023, l’institution a ouvert une procédure administrative contre une des deux chercheuses.» Le Chef de la communication du FNS indique que «les recherches financées par Philip Morris et le FNS respectivement étaient des recherches menées indépendamment l’une de l’autre, qui n’ont impliqué aucune collaboration ni aucun cofinancement quelconque entre l’entreprise privée et le FNS […]. Aucune sanction n’a été prise, mais un correctif a dû être apporté dans la revue scientifique ayant publié ces travaux. De plus, suite à ce cas, le FNS a décidé d’envoyer chaque année aux chercheurs et chercheuses un courriel «pour leur rappeler de nous informer dans le cas d’une collaboration avec un partenaire externe» […].»
L’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) a pour sa part déclaré qu’elle «a pour principe «d’exclure toute collaboration avec l’industrie du tabac» […]. Cela étant, elle a tout de même signé des mandats de prestations avec Philip Morris.» (rtsinfo)
- financement tiers
- rôle des scientifiques
- financement public
- liberté académique
- rôle des universités
- collaboration hautes écoles – entreprises privées
- profil – universités
- profil – EPF
- intégrité scientifique