Pour la journaliste Laure Lugon Zugravu, les mouvements pro-palestiniens «ont mis en lumière un activisme très présent dans les facultés romandes et des enseignants de plus en plus politisés.»
Un professeur de l’Université de Neuchâtel avance: «[l]’anthropologie, la sociologie, les sciences politiques, une partie de la géographie sont gagnées par l’idéologie. Cela arrive lorsque vous mettez ensemble des gens qui pensent tous pareil. Sans être soumis à des points de vue contradictoires, ils radicalisent leurs positions.» Selon ce professeur il y aurait «[l]a disparition de traditions entières de pensées» dans les sciences politiques ou dans les études de genre. Pour le Professeur de l’UNIL Philippe Gonzalez, certain·es de ses collègues «[mélangent] la science et la politique», ce qui a produit une «propension actuelle à ne plus enseigner aux étudiants comment penser, mais ce qu’il faut penser». Si la politisation des professeur·es n’est pas nouvelle, le professeur de l’Université de Neuchâtel explique qu’«[être politisé] ce n’est pas grave s’il y a une masse critique suffisante de chercheurs de différents bords qui peuvent se corriger mutuellement. «Mais la sous-représentation de la droite s’accroît. […] La diversité la plus menacée dans nos universités n’est pas celle hommes-femmes, mais la diversité idéologique».
A propos de la perception quant à un croissant militantisme au sein de l’UNIL, un scientifique affirme qu’«[o]n n’a plus le droit d’avoir l’esprit critique qui doit nécessairement présider à la science. En lieu et place, il faut s’aligner sur la doxa climatique et écologiste.» Le Professeur Alain Macaluso souligne que «[c]hacun a le droit d’être militant à titre personnel. Le problème surgit quand le militantisme s’institutionnalise, soit que l’institution adopte elle-même une attitude militante, ce qui divise nécessairement sa communauté, soit que certains de ses membres cherchent à imposer leurs combats au sein de l’institution.»
Le Professeur de sciences politiques Bernard Voutat refuse les accusations selon lesquelles «[les] cours [au sein de la faculté des sciences sociales et politiques de l’UNIL] sont imprégnés de wokisme, d’islamo-gauchisme ou de théorie des genres […].» Si le professeur admet «qu’une majorité de ses collègues sont de gauche» il souligne que l’intégrité scientifique est respectée et les professeur·es doivent respecter certaines limites : «L’une d’elles est de ne pas user de sa position d’enseignant pour imposer ses points de vue aux étudiants. On doit aussi respecter l’intégrité scientifique.» Par contre, il ne voit pas de problèmes en ce que 400 professeur·es aient signé la pétition de soutien aux mobilisations pour la Palestine : «selon lui, la question […] renvoie à la liberté d’opinion et d’expression qui est reconnue à tout un chacun, y compris aux professeurs de l’Unil.»
Dans un article d’opinion, Laure Lugon Zugravu regrette que des activistes pro-palestiniennes à l’UNIL ont récemment publié une liste des «collabos», soit des professeurs qui conçoivent des projets de recherche avec des universités israéliennes, cela lui rappelle le maccarthysme.