Le nombre d’étudiant-es en histoire ont connu une «baisse dramatique», selon l’OFS il y en a actuellement 2409 en Suisse – 610 de moins qu’en 2013. «Et ce, paradoxalement, à une époque où les médias ont depuis longtemps proclamé le retour de l’histoire : La crise financière, la crise migratoire, la pandémie, la volonté de puissance mondiale de la Chine, la guerre d’agression de Poutine, la poudrière du Proche-Orient sont autant de thèmes qui ne peuvent être abordés que de manière historique.» Selon l’auteur de l’article Marc Tribelhorn, [lui-même historien], «l’Académie des sciences humaines et sociales a réagi de manière assez désemparée», soulignant qu’il fallait à nouveau mieux communiquer, s’occuper de plus de communication avec les gymnasiens.
Il ajoute: «Ce n’est pas une tragédie si moins de jeunes étudient l’histoire – au contraire. Ils sont encore assez nombreux. Certes, les diplômé-es en histoire (et plus généralement en sciences humaines et sociales), dont la formation est relativement bon marché, ont été jusqu’à présent plutôt bien absorbé-es par le monde du travail. Mais dans les professions qu’ils choisissent traditionnellement – les lycées, les médias, les musées, les archives – il n’y aura pas de pénurie de personnel qualifié de sitôt. En revanche, la baisse des effectifs pose un problème aux séminaires d’histoire : Moins d’étudiant-es s’inscrivent en histoire, cela a des conséquences à moyen terme sur les flux financiers au sein des universités, c’est-à-dire sur le nombre […] des chaires et sur l’étendue de l’enseignement.»
Il continue: «Les professeurs d’histoire se suffisent généralement à eux-mêmes. Ils voient peu de raisons de faire connaître leur discipline et leurs recherches à un large public, bien qu’ils soient financés par l’argent des contribuables et que les références culturelles soient évidentes. Ils ne se sentent pas compétents pour les débats de société, presque plus personne ne veut être un intellectuel public qui fait un travail d’interprétation de l’époque. […] «La science historique est devenue apolitique», avait déclaré le professeur émérite André Holenstein, qui ne craint pas les interventions, par exemple sur la question européenne.» Et ceci aurait des raisons ancrés dans la structure et la politique de la recherche.
Marc Tribelhorn estime que la conscience pour l’importance de l’histoire est en baisse, et prend comme exemple la place qui lui est accordé à l’école. «Pourquoi alors enseigner l’histoire? Pour former à la critique des sources et à la compétence médiatique, notamment face aux fake news, au big data et à l’intelligence artificielle, à la guerre et à l’antisémitisme. Pour comprendre les contextes historiques, notre culture, la « Willensnation » qu’est la Suisse et le monde. Pour participer au processus politique, en particulier dans une démocratie directe. Ou comme le philosophe allemand Odo Marquard l’a un jour formulé de manière pointue : L’avenir a besoin de l’origine («Zukunft braucht Herkunf»).