Compte tenu des tensions géopolitiques autour de Taïwan, les universités suisses devraient reconsidérer leurs compétences « en matière de Chine », estime Simona A. Grano, Privat-docent à l’Université de Zurich, et responsable du projet Taïwan Studies. «Il semble y avoir un consensus qu’il y a un manque de compétences « en matière de Chine » dans tous les domaines. […] En tant que discipline universitaire, la sinologie s’intéresse à la Chine de manière large, principalement à la langue, la littérature, la philosophie, la culture et l’histoire.» Ceci serait important, mais il manquerait en Suisse l’enseignement du sujet sous l’ongle des sciences sociales, à l’image des « Chinese studies « ou China studies » anglo-saxonnes. En Allemagne, par exemple, on peut étudier la sinologie tout en se spécialisant dans des événements d’actualité et des questions politiques et sociales. Et en Italie, il est depuis longtemps possible de choisir entre la spécialisation juridique-économique et la spécialisation littéraire-philologique. Simona Grano estime que des nouveaux centres et de nouvelles chaires seront nécessaires. Par ailleurs, ces études devraient inclure la Chine continentale et Taïwan, entre autres pour apprendre à mieux gérer des relations politiques avec la Chine. «Un conflit ouvert affecterait les voisins régionaux, mais aussi des pays lointains comme les États-Unis, l’Australie et le Japon, et finalement le monde entier. La Suisse, qui cherche actuellement à se positionner à nouveau plus fortement en tant que puissance neutre entre les grandes puissances, serait également mise à contribution. La Suisse a donc besoin d’expertise pour analyser la situation.»