Le concessionnaire automobile Emil Frey offre 12,7 millions de francs à l’Université de Zurich (UZH) pour la création d’un nouveau centre de recherche sur la mobilité individuelle. Baptisé UZH Center for the Future of Personal Mobility, il sera rattaché à l’Institut de gestion d’entreprise de la Faculté des sciences économiques. Il y sera notamment étudié les effets de la politique des transports et du climat, les propulsions et carburants alternatifs, les concepts de mobilité innovants, l’infrastructure pour le chargement et le ravitaillement, le rôle des véhicules autonomes, les offres de partage et les services de transport basés sur des applications.
«Quelle sera la crédibilité de la recherche aux yeux du public si elle a été cofinancée par une entreprise qui a un intérêt économique dans les résultats?», demande Markus Müller, professeur de droit public et administratif à l’Université de Berne. «Le thème de la circulation individuelle des personnes est important et doit être étudié surtout dans le contexte de la politique climatique, mais pas avec le soutien financier d’une entreprise de distribution automobile», affirme-t-il.
Marc Chesney, professeur émérite de finances au Department of Finance de l’UZH est du même avis : «En principe, une telle somme se fait au détriment de l’indépendance», déclare-t-il. Selon lui, la transparence est importante et une publication du contrat entre l’université et l’entreprise Emil Frey serait utile. Il ajoute qu’à l’heure du réchauffement climatique, il faudrait plutôt encourager la recherche sur la mobilité publique.
Depuis 2018, l’UZH publie les dons et les contributions de sponsoring de plus de 100’000 francs pour les chaires de fondation dans une liste transparente. L’ordonnance de l’UZH sur la collecte de fonds stipule que les contributions de sponsoring ne doivent pas «porter atteinte à la liberté de la recherche et de l’enseignement» ni «compromettre la réputation et la crédibilité de l’université».
Emil Frey sera membre du conseil consultatif externe pour le centre de recherche, qui sera composé de représentant·es de l’académie et d’autres spécialistes. Le conseil consultatif conseillerait par exemple le centre dans la mise en œuvre des résultats de recherche.
Sur 738 chaires à l’UZH, 26 sont aujourd’hui financées par le secteur privé. Avec 65 millions, l’UBS finance cinq chaires de la faculté des sciences économiques.