Matthias Egger accorde une dernière interview en tant que président du Conseil de la recherche pour le Fonds national suisse (FNS), organe responsable chaque année de distribuer près d’un milliard de francs aux chercheur·euses des hautes écoles suisses. Matthias Egger exprime ce qu’il pense des plans d’économie du Conseil fédéral.
Alors que le groupe d’experts dirigé par Serge Gaillard, qui a analysé les finances fédérales à la demande du Conseil fédéral, a conclu que le FNS pourrait économiser 10% de ses fonds, Matthias Egger ne partage pas ces estimations : «Il s’agit de montants de 130 à 140 millions de francs par an qui manqueraient ainsi à la recherche. Les victimes seront les jeunes chercheurs et chercheuses : des centaines d’emplois pour les jeunes scientifiques seront perdus. D’autant plus que les universités doivent elles aussi faire des économies. Des jeunes gens talentueux seront ainsi contraints de mettre un terme à leur carrière ou de poursuivre leurs recherches dans une haute école à l’étranger. Cela aurait également des répercussions négatives sur l’économie, [car] de nombreux chercheurs que nous soutenons rejoignent plus tard l’économie, y occupent des postes de direction ou sont des spécialistes importants dans leur domaine de spécialisation. Si nous formons moins de ces personnes de pointe, elles manqueront tôt ou tard à notre pays.»
Matthias Egger ajoute que le Conseil doit déjà refuser de nombreux projets prometteurs faute d’argent, et que des fonds de tiers ne pourraient pas remplacer les fonds du FNS pour la recherche fondamentale. «La Suisse est une société du savoir sans matières premières. Nous sommes innovants et compétitifs au niveau mondial, notamment dans les domaines hautement spécialisés. […] Nous devons préserver cela. Je ne pense pas qu’il soit judicieux d’économiser sur la recherche et l’innovation.»