Vendredi matin, le collectif étudiant pro-palestinien de l’UNIL a adressé aux médias un communiqué exprimant sa colère suscitée par les poursuites judiciaires de l’UNIL à leur encontre. Les étudiant·es trouvent injustifiée la poursuite pénale pour la diffusion d’une liste de professeur·es «épinglé·es» pour leurs collaborations académiques israéliennes. Le collectif est «atterré de voir toute l’énergie déployée (par l’UNIL) dans la répression du mouvement, plutôt qu’à faire la lumière sur les partenariats avec des institutions israéliennes qui violent le droit international» (24 heures. 15.11.24) Les formations politiques de gauche représentées au Grand Conseil ainsi que les Vert·es vaudois·es critiquent l’action en justice. «L’université a choisi la voie de la criminalisation des étudiant·es plutôt que la reconnaissance du droit fondamental à la désobéissance civile» avance la députée Joëlle Minacci. «Des poursuites nous semblent largement disproportionnées», déclare la présidente des écologistes vaudois, Alice Genoud. (Le Courrier, 18.11.2024)
Le Matin Dimanche et le SonntagsZeitung dévoilent qu’une lettre signée par 80 personnes a été remise à la direction de l’EPFL. Ayant pour titre «Extrémisme potentiel et enseignement tendancieux», la missive détaille pourquoi les étudiant·es et employé·es juif·ves et israélien·nes de l’école «sont de plus en plus déstabilisé·es». Les signataires avancent que «les organisations dites pro-palestiniennes qui agissent actuellement sur le campus de l’EPFL ne sont pas pro-palestiniennes, mais plutôt anti-israéliennes.» Selon Jacques Ehrenfreund, professeur d’études juives à l’Université de Lausanne, il s’agit de « l’expression d’un malaise auquel les autorités doivent répondre, car les questions qui sont posées sont importantes et sérieuses. » La direction de l’EPFL est en train d’analyser la lettre et y répondra prochainement. (Le Courrier, 18.11.2024)
L’UNIL est «désormais encadrée par un dispositif de sécurité renforcé», alors qu’«un événement organisé par l’association étudiante judaïque Shalom de l’EPFL, fortement critiquée par des tracts, a également bénéficié de mesures». (Blick, 17.11.24) «L’ambiance est actuellement plutôt calme», affirme la porte-parole de l’EPFL Corinne Feuz. Mais «[l]a haute école confirme néanmoins qu’il y a eu quelques incidents et reste en état de veille. Des stickers apparaissent régulièrement, mais sont systématiquement enlevés. » (Watson, 17.11.2024)
Du côté de l’Université de Genève, la direction déclare que «la liberté d’expression est un principe fondamental […] mais elle est limitée par des directives claires. Nous rejetons toute forme d’incitation à la violence, de discrimination, d’islamophobie et d’antisémitisme» (Le Matin Dimanche, 17.11.24).
Le semaine dernière, l’Université genevoise accueillait la Semaine des droits humains, durant laquelle des expert·es ont dressé un état des lieux préoccupant des libertés d’expression et d’association, en Suisse et dans le monde. «En restreignant les droits des jeunes à propos de la Palestine, c’est toute une génération qui se sent moins écoutée et dans l’incapacité de trouver sa voie dans la démocratie actuelle», a critiqué la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la liberté de réunion et d’association pacifiques, Gina Romero, dans le cadre de l’évènement. Le journaliste du Courrier Maude Jaquet écrit :«Rien qu’à Genève, l’évacuation policière d’Uni-Mail et les arguties administratives liées aux demandes d’autorisation de manifester témoignent d’un climat de défiance grandissant des autorités envers la société civile. L’avocat genevois Olivier Peter, spécialiste du droit international public, estime que cette «position hypocrite» promeut un double standard. «On utilise les droits fondamentaux dans certains cas pour mieux les dénier dans d’autres. Et force est de constater que lorsqu’un sujet, comme la Palestine, crispe une certaine majorité, on restreint le droit de s’exprimer.»(Le Courrier, 18.11.2024)